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 Jean-Michel Delaplace, maître de conférence HDR, université

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gk_ares
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gk_ares


Nombre de messages : 93
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Date d'inscription : 10/01/2006

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MessageSujet: Jean-Michel Delaplace, maître de conférence HDR, université   Jean-Michel Delaplace, maître de conférence HDR, université EmptyJeu 19 Jan à 1:01

La Réunion le 15 janvier 2006
Jean-Michel Delaplace, maître de conférence HDR, université de la Réunion



Tout d'abord excusez ma réponse tardive due aux congés de l'été austral (Réunion). J'ai appris en même temps que vous cette nouvelle calamiteuse, mais non surprenante car s'inscrivant dans une politique annoncée de sabordage des services publics, d'enseignement et autres, concernant le nombre des postes ouverts aux différents concours d'EPS. Les annonces répétées du gouvernement prenant prétexte de la diminution de la dette publique pour justifier de la diminution, voire la suppression pour certains corps, du nombre de fonctionnaires ne laissaient planer aucun doute sur les mesures qui allaient être prises. La tentative actuelle d'imposition de la bivalence au collège relève de la même idéologie. Je relève bien entendu comme vous tout le cynisme du ministre dans l'annonce de cette mesure à la veille de Noël!
Quant à la question que vous me posez sur la légitimité de cette politique (en substance, ont-ils le "droit" de faire çà alors que tout le monde s'accorde à reconnaître les bienfaits du mouvement dans notre société immobile?), elle appelle une réponse à plusieurs niveaux.
Le premier concerne l'étendue des missions du service public d'enseignement qui comprend, et ce depuis 1869, l'obligation d'éduquer le corps des élèves et d'enseigner la culture corporelle en liaison avec les objectifs généraux de l'école (santé, autonomie, responsabilité, citoyenneté, etc.) Aucun gouvernement n'a, à ce jour, évacué cette dimension de la formation. Reste que les conceptions politiques divergent sur les moyens d'assurer cette formation. L'étude de l'histoire récente de l'EPS montre qu'il y a des permanences dans les politiques de droite comme par exemple vouloir instaurer le sport optionnel en lieu et place de l'EPS en faisant appel à des cadres extérieurs à l'école (exemple des contrats "bleu" dans le primaire). Aujourd'hui, cette tendance est exacerbée par l'option ultralibérale imposée par le tandem Sarkozy-Villepin qui conduit à réduire au minimum les services publics et à confier au secteur marchand l'essentiel des missions qui étaient assurées par les services de l'Etat (voir à ce
sujet le rapport de l'OMC sur le chiffrage du "marché de l'éducation") La réduction a minima des disciplines du socle commun est l'illustration de cette politique qui consiste pour l'Etat à assurer le minimum de formation à chaque citoyen (au début de l'école de la IIIe République, la "communale" a pour mission d'apporter une instruction qui permette à chacun de lire et comprendre les commandements de la république! C'était la "république des notables"...), la suite étant confiée au secteur marchand. L'exemple actuel de la proposition gouvernementale de favoriser l'apprentissage à 14 ans, autrement dit de régresser sur le plan de la formation générale du futur ouvrier en le "livrant" au patronat pour quelques dizaines d'euros et beaucoup d'avantages sociaux pour le patron est significatif de cette politique(c'est un débat qui a eu lieu en 1919 et qui a débouché, au grand dam des patrons, sur la loi sur la formation professionnelle et la création d'écoles d'apprentissage hors des usines). Inversement les instituts et écoles prestigieux et autres diplômes d'université aux droits d'inscription prohibitifs qui recrutent parmi l'élite sociale et assurent la pérennité par la reproduction des catégories dirigeantes sont vantés par de Robien comme le modèle à suivre. Bien sur tout cela se cache derrière un discours pseudo social, telle cette déclaration de Borlot qui, à propos du projet sur l'apprentissage, souligne que le gouvernement est aussi capable de faire du social!
Tout cela pour dire que l'avenir de l'EPS, mais aussi celui de l'ensemble du dispositif éducatif français, est forcément compromis par cette politique ultralibérale (je préfère d'ailleurs parler de capitalisme sauvage et agressif plutôt que de libéralisme qui est une idéologie contraire à la dictature). La tendance générale à la diminution du service public et à la décharge des missions d'état sur les collectivités locales et territoriales peuvent augurer une transformation profonde du recrutement des enseignants d'EPS et de leur formation.
Alors quoi faire?
La première voie est républicaine et concerne les élections. Il faut tout faire pour que ces gens là soient évincés des responsabilités politiques, et en particulier Sarkozy qui est de loin le plus dangereux d'entre eux. Pour ce faire, il faut gagner la bataille de l'information. Les médias sont à la solde du gouvernement, des patrons et des gros actionnaires, car leur propriété. Jamais la désinformation, les mensonges éhontés et la manipulation de l'opinion publique n'ont été aussi forts. Nous ne pourrons
rien sans lutter d'abord contre cela. Il faut opposer à l'information de masse un travail de terrain en informant parent par parent, voisin par voisin, proche par proche, camarade, etc. de la gravité de la situation. Ce que nos parents ont mis 150 ans à construire comme bien être social, ce dispositif solidaire facteur de progrès social que de nombreux pays nous envient est en passe d'être détruit par quelques apparatchiks à la solde du grand capitalisme. Seule la cohésion de la communauté d'opposition, sa détermination jusque dans l'opposition physique (car la répression policière, signe d'un gouvernement totalitaire, sera de mise) pourra peut-être aboutir. Face à un gouvernement autiste il faut une réaction à la mesure de la gravité de son mal!

Le deuxième niveau de ma réponse (pardonnez moi la longueur du propos mais je crois que la situation le mérite) tient au fonctionnement interne à la discipline. la encore l'histoire est riche d'enseignement. D'abord membres d'une profession dominée enseignant une discipline marginalisée, les enseignants d'EPS ont su, en particulier par leur capacité de mobilisation qui s'est illustrée par le fort pourcentage de syndicalisation dans les moments forts du combat corporatif (en particulier pendant les "années noires" 1969-1981) établir un rapport de force significatif avec les autorités de tutelle, administratives et politiques. L'avancée significative des revendications alliée à une "situation" plus confortable au sein du système scolaire a pu faire baisser les bras à plus d'un enseignant. Certains ont pu croire que la citadelle EPS était désormais inexpugnable et qu'il suffisait de "tousser" un peu plus fort pour obtenir satisfaction.
L'ampleur et la sophistication de la recherche pédagogique et didactique en matière d'EPS, l'abondance des textes officiels (et leur ésotérisme) ont pu faire croire à la solidité de la position académique de l'EPS. Ors il est plus difficile de justifier de l'excellence d'une discipline et de son statut de fondamental que d'entrouvrir la porte du panthéon académique, ce
qui a été fait dans les années 60. Aujourd'hui il ne suffit plus, pour convaincre les responsables politiques, d'évoquer le rôle de l'EPS dans l'acquisition et la préservation de la santé, dans la lutte contre l'obésité, dans l'acquisition de comportement citoyens, bref, il ne suffit plus de brandir des slogans plus ou moins pertinents au regard des pratiques. Il ne suffit plus de produire du papier (je pense aux programmes et documents d'accompagnement) qui ne sert qu'à solliciter la mémoire des candidats aux concours et à incommoder enseignants et partenaires de la communauté éducatives (en particulier lors du vote des modalités d'évaluation de l'EPS en CA dans les établissements!) mais qui n'a plus cette fonction d'affichage et de légitimation qui fait défaut aujourd'hui.
Bref, il faut faire le "ménage" dans la profession et rechercher collectivement les meilleures voies de légitimation.


Voici quelques réflexions que vous pouvez d'ailleurs diffuser car je les assume pleinement.
Vous me demandiez enfin ce que je compte faire en la circonstance et je vous répond que je vais continuer à militer, comme je le fais depuis plus de 30 ans pour une EPS de qualité au sein d'un dispositif éducatif républicain, solidaire et démocratique, ce qui est aux antipodes de la politique actuelle dont vous faites les frais par ailleurs. Cette action se fait sur le plan personnel (informer mon entourage), sur le plan syndical et sur le plan électoral et politique.


Permettez moi une dernière réflexion, en marge peut-être du débat mais oh combien importante à mes yeux. Notre société a développé chez nous des comportements individualistes, une propension à se dire que ça n'arrive qu'aux autres et, passé quelques moments de compassion, à reprendre tranquillement le cours de la vie après des évènements tragiques. Nous
devons réapprendre, moi le premier, à nous mobiliser, à joindre le faire au dire, à être solidaires, nous devons nous réapproprier la chose politique et ne plus la confier aveuglément à une caste politique qui autoproclame sa vérité (Sarko ne propose-t-il pas de passer outre le référendum sur la constitution européenne et de confier la décision au parlement! vive la démocratie...) Cela suppose un engagement dans la vie publique (associations, syndicats, partis politiques) mais aussi un effort permanent pour se tenir informé, diffuser l'infirmation, etc.
Vous êtes non seulement l'avenir de la profession mais aussi l'avenir du pays (ce qui est un truisme notoire!) C'est pourquoi vous aurez toujours mon soutien pour un monde plus juste et plus solidaire pour une république toujours plus sociale.
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