L’éducation n’est pas une marchandise
Je voudrais adresser toute ma sympathie aux 10000 candidats au CAPEPS, qui ont beaucoup travaillé pour se hisser au niveau du concours, ainsi qu’à leurs parents, qui ont consenti de lourds sacrifices pour que leurs enfants parviennent à ce niveau d’étude. La baisse de 50 % des postes, qui fait suite à une baisse de 30% voici deux ans, a sans doute pour la majorité d’entre eux fait disparaître toute chance de pouvoir rentabiliser dans leur vie professionnelle ces années d’investissement.
Il est inadmissible que le nombre exact de postes ouverts au concours ne soit pas connu avant la date clôture des inscriptions. On laisse ainsi des étudiants obérer une année complète de préparation, des investissements financiers conséquents, qu’ils auraient tout aussi bien pu occuper par ailleurs. C’est une marque d’arrogance et de profond mépris vis-à-vis de la jeunesse de ce pays. Faire l’annonce d’une telle réduction des postes à quelques jours de Noël ne fait que rajouter une bonne dose de cynisme à cette démarche.
En ouvrant au concours un nombre de postes qui ne couvre même pas -et de loin- les départs à la retraite, le gouvernement donne des gages à ceux qui ne veulent voir dans l’éducation qu’une logique économique. L’Ecole n’est pas une entreprise, et l’éducation n’est pas une marchandise. Compter au plus près ses deniers sur l’éducation, c’est avant tout montrer que l’on ne comprend plus la jeunesse, et que l’on a peur de l’avenir. C’est aussi faire fi d’un principe fondamental de la République : l’égalité devant l’éducation. Ce que l’école ne prendra plus en charge, ce sont les familles qui devront l’assurer, et on sait bien que dans ce cadre les milieux les plus défavorisés seront encore une fois laissés au bord de la route.
Depuis une trentaine d’année l’Ecole a montré qu’elle était capable de faire face aux défis qui lui étaient confiés. Je rends hommage aux enseignants qui tous les jours éduquent, encadrent, donnent des repères et des valeurs aux jeunes de ce pays. Mission souvent ingrate, difficile, toujours recommencée. Au moment où la crise des banlieues a vertement rappelé le déficit des valeurs dans notre société, attaquer l’institution éducative est proprement irresponsable.
Enfin l’Education Physique est une des disciplines les plus touchées par la baisse des postes. Après l’alerte du rapport Thélot, c’est une douloureuse piqûre de rappel pour ceux qui ne doutaient pas la solidité de son assise au sein du système scolaire. Il est grand temps que l’Education Physique se préoccupe d’afficher clairement son utilité sociale, afin d’asseoir sa légitimité. Les textes qui la régissent actuellement n’ont manifestement pas su convaincre les politiques de sa priorité.
Didier Delignières, Professeur à l'UFRSTAPS de Montpellier
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